Hall commence à raconter pour son fils, pour que son fils sache que son oncle Arthur était un type noir, musicien et homosexuel et que c’était un type bien.
"Harlem Quartet", c’est Hall Montana qui se souvient, qui raconte et retrace la vie de sa famille, de ses amis, une communauté noire américaine vivant à Harlem dans les années 50/60.
La famille Montana élève ses deux fils : alors que Hall s’apprête à partir pour la guerre de Corée, Arthur se prend de passion pour le gospel et chante avec ses amis Crunch, Red et Peanut. Cette famille fait la connaissance de Julia, une fillette évangéliste qui prêche avec ferveur dans les églises et de Jimmy, son petit frère délaissé par ses parents. Mais un drame va se nouer qui changera à jamais le destin des personnages.
Harlem quartet est un hymne d’amour vibrant, un chant d’amour de Hall à son jeune frère, mort à l’âge de 39 ans, et à ses proches.
Et au milieu de tout cela, il y a les chants de gospel à la gloire de Dieu, le combat pour les droits civiques, la violence et le sexe.
L’écriture sensuelle de James Baldwin, rythmée par les cris poignants du gospel, nous entraîne ainsi dans un Harlem traversé par l’amour, la religion, la souffrance. Une atmosphère poétique, un grand récit sur la destinée humaine.
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MEDIAPART - 13 juin 2019 - Jean-Pierre Thibaudat -
On a beau aller au théâtre tous les soirs, il arrive que de beaux spectacles vous passent entre les doigts lors de leur création. C’est ainsi que j’avais raté Harlem Quartet lors de sa création à la Maison des arts de Créteil il y a deux ans, l’adaptation d’un roman de James Baldwin. J’ai vu le spectacle à Dijon (dans le cadre du festival Théâtre en mai) lors de la dernière représentation pour cette saison (une nouvelle tournée suivra la saison prochaine).
Un éblouissement. Un voyage au temps chaviré comme l’est ce roman au long cours, un grand roman nourri de mémoire, de sensualité, d’amour et d’amitié. J’assiste à un spectacle ayant atteint la plénitude de son rythme, de ses mouvements (parfait enchaînement des scènes avec un jeu simple et efficace de panneaux, scénographie Yves Bernard), belle alliance des mots et des musiques (présence précieuse sur scène des deux musiciens, Manu Léonard et Marc Sens, et compositions de Saul Williams). Une assurance, une souplesse que le spectacle n’avait sans doute pas lors des toutes premières représentations (...)
On passe des années 70 aux années 50 avant de remonter le temps et de revenir en arrière, etc. Les acteurs gardent leur rôle, changent au mieux de costumes, ce sont leurs corps d’aujourd’hui qui se souviennent de ceux d’hier. Ces acteurs, il faut tous les nommer : Ludmilla Dabo, William Edimo, Jean-Christophe Folly, Nicolas Giret-Famin, Makita Samba, Nanténé Traoré. Sans eux, sans la personnalité de chacun, le spectacle n’aurait pas atteint une si belle justesse collective. L’un après l’autre, ils nous conduisent à l’endroit secret de chacun. Et, comme l’écrit Baldwin, « Quelle putain de chambre de résonance ! ».
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LE MONDE - 22 nov 2017 - Fabienne Darge -
Il fallait être gonflé(e) pour adapter au théâtre "Harlem Quartet", le chef-d’œuvre de l’écrivain noir américain James Baldwin. La metteuse en scène Elise Vigier l’a fait, et bien lui en a pris : elle signe un spectacle très réussi, et bienvenu en ces temps où les questions raciales sont ultrasensibles (...) Elise Vigier a réuni une excellente distribution d’acteurs noirs. Ludmilla Dabo (Julia), Jean-Christophe Folly (Hall), Nicolas Giret-Famin (Jimmy), Makita Samba (Arthur), William Edimo et Nanténé Traoré portent cette histoire de tout leur cœur et leur talent.
C’est une sensibilité particulière qui s’exprime ici, généreuse, blessée, flamboyante, et pas un prêchi-prêcha technocratique sur la « diversité ». Et c’est cette sensibilité qui fait de la question noire ou de la question homosexuelle des universels concernant la vie de chacun.
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LIBÉRATION - 12 nov 2017 - Jérémy Piette -
L’écriture de Baldwin prend littéralement corps avec cette adaptation où l’intensité du jeu des comédiens délivre une épaisseur toute autre : ses mots coupent à la lecture, effraient souvent. Prononcés, accentués, criés, ils provoquent une tension similaire. Toutefois, ils déclenchent aussi le rire, un relâchement curieux qui n’est pas sans intérêt (...) La langue de Baldwin, crue et clairvoyante, poétique et pointue, emplit les poumons de Hall qui lance les mots en boucle. Le comédien Jean-Christophe Folly excelle à le faire, quand il nous prend à partie, le regard en abîme, nous attire dans ses blessures et ses réflexions. Son petit frère Arthur (Makita Samba) remet en question sa sexualité, déroule ses peines, ses désirs et ses cris en un gospel déchirant, plus tard retrouve le Jimmy de la famille Miller et en fait son amant. Le dispositif scénographique en une série de panneaux coulissants alterne avec dextérité scènes de vie in situ et séquences vidéo qu’Elise Vigier est allée filmer à Harlem en 2015 (…) Elise Vigier arrive à capter ce qu’il y a de doutes, de peurs et de douceurs chantés dans l’écriture de Baldwin
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VIDEO
HARLEM IMPRESSION a été tourné en novembre 2015 dans le cadre d’une première résidence à New York.
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Saison 17/18 Harlem Quartet from Comédie de Caen on Vimeo.
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INTERVIEW
Ici > Interview d’Elise Vigier sur Médiachoeur
Saison 17/18 Harlem Quartet ITW from Comédie de Caen on Vimeo.
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REPORTAGES SONORES réalisés par Perrine Malinge
Hall Montana / voix de J.C. Folly > Ici
Elise Vigier parle de Saul Williams > Ici
Mix James Baldwin > Ici