Au départ, il y a le film l’inconnu du lac d’Alain Guiraudie que je découvre un peu par hasard. Je trouve le film rare et d’une poésie infinie. En regardant une bonne partie de la filmographie de Guiraudie ensuite, je reconnais les motifs qui lui sont propres : les répliques pleines d’humour, la précision de l’écriture, la direction des acteur.ices étonnamment théâtrale, les personnages aux accents de l’Aveyron en perpétuels questionnements sur leurs désirs, se répondant d’un film à l’autre. Se dévoile alors un cinéma empreint de lutte des classes et de marxisme, où il est question du monde du travail, d’argent, de sexualité, et toujours d’amour.
Puis je découvre son roman, Rabalaïre, un mot occitan qui signifie « vagabond ». On y suit l’histoire de Jacques qui est au chômage, ne milite plus et ne sait plus quoi faire de sa vie. Ses maigres économies ne lui permettent pas de se projeter bien loin, il fait donc des allers retours entre Bellegarde où il réside (ville inventée, sorte de sous-préfecture aveyronnaise) et Clermont-Ferrand. Mais il n’est pas pressé, ce qu’il aime surtout, c’est passer du temps dans le petit village de Gogueluz, un endroit où le nouveau monde ne semble pas avoir posé ses valises.
Et J’en suis là de mes rêveries sera une adaptation théâtrale pour 2 acteurs à partir de cette histoire. J’y retrouverai Pierre Maillet, cet acteur sublime avec qui j’avais partagé la scène dans Letzlove Portrait Foucault. Cette fois-ci, nous inversons les rôles puisque c’est moi qui me propose de le mettre en scène. Il interprétera Jacques, notre héros et je jouerai quasiment tous les autres personnages de l’histoire.
Maurin OLLÈS, acteur & metteur en scène
@ Maurin Ollès