Andrea De Rosa, nommé à la direction du Teatro Stabile de Naples jusqu’en 2013 a été remplacé par Luca De Fusco, suite à la décision du CdA (Conseil d’administration du Stabile). Les motivations seraient d’ordre « politiques », du fait de la défaite de la gauche aux dernières élections.
Le projet des Lucioles à Naples prévoyait de jouer les 2 textes de Leslie Kaplan : « Duetto5 - Toute ma vie j’ai été une femme » à Galleria Toledo les 1, 2 et 3 avril puis « Louise, elle est folle » du 5 au 10 avril au Teatro Stabile.
La décision de la directrice de Galleria Toledo -Laura Angiulli, également membre du CdA- de voter le remplacement d’Andrea De Rosa nous a contraint à l’annulation des représentations des trois représentations de « Duetto5 - Toute ma vie j’ai été une femme » dans son théâtre. Frédérique Loliée s’en explique dans une lettre adressée à Laura Angiulli. (lire ici)
Textes de LESLIE KAPLAN écrits pour la création de Duetto5 - Toute ma vie j’ai été une femme publiés aux éditions POL sous le titre Toute ma vie j’ai été une femme
Extraits de textes de RODRIGO GARCIA :Vous êtes tous des fils de pute, After sun, Notes de cuisine, éditions Les Solitaires Intempestifs
La première version de « Duetto » est créée en 2003 sous la forme d’une performance, reprise et retravaillée chaque année lors de festivals en France ou en Italie (Festival Enzimi-Rome, Binari Binari-San Vito al Tagliamento, Festival Corps de textes-Rouen, Festival de Hédé, CDN Valence).
En 2007, LESLIE KAPLAN écrit à partir des thèmes de la performance. Cette collaboration permet la création en 2008 de la cinquième version de Duetto : Duetto5 –Toute ma vie j’ai été une femme à La Maison de la Poésie à Paris, et la publication chez P.O.L. de l’ensemble des textes sous le titre Toute ma vie j’ai été une femme.
En 2009, le spectacle est repris à La Maison de la Poésie à Paris et la version italienne (jeu en italien et quelques parties en français avec un surtitrage projeté sur le décor) se joue à Rome au Piccolo Eliseo et à Turin au Teatro Vittoria.
Deux femmes sur scène, debout, assises, courant, s’arrêtant, en tas, en vrac, en sac, parlent, se parlent, énumèrent, légifèrent, s’interrogent, se demandent, nous demandent, se jugent, se jaugent : mais c’est quoi ? c’est vous, c’est nous, c’est depuis longtemps, c’est ici et maintenant.
Deux femmes, mais “femme” n’est pas une catégorie ni un genre, c’est un point d’appui, concret, matériel, pour faire passer, faire circuler, des mots, des objets, des questions, des émotions. Ce qui circule, c’est l’abondance, tout ce surplus de la société, tout ce qu’on consomme, nourriture, sexe, spectacle, ce qu’on mange, ce qu’on se met, dans la tête, sur le corps, tous ces mots en trop, toute cette bêtise, toute cette pauvreté, toute cette absence, de quoi, de sens, de but, de liens, de rapports, de sentiments, toute cette présence en creux, tout ce vide qui déborde.
No ideas but in things, disait William Carlos Williams, pas d’idées si ce n’est dans des choses, ici on pense avec des choses concrètes, des mots concrets, en situation et en dialogue, et le théâtre vient de cette façon.
Le théâtre : une forme d’étonnement, l’étonnement de proférer des mots et des phrases, de les lancer devant soi et de les sentir voler, toucher, rebondir, l’étonnement devant le langage et ce qu’il y a dessous, devant la vie en somme, toute ma vie comme il est dit.
Frédérique Loliée et Elise Vigier prennent la scène par le détail, minutieux, minuscule, majuscule, décalé, triste, terrible, et franchement comique, au présent, tout le temps au présent, elles donnent ce qui est requis au théâtre, cette présence à l’instant, elles peuvent le faire, elles ont une connaissance intime et très pratique de tous les aspects de la scène, et on a avec elles la sensation concrète pendant la représentation que tout est possible, que tout peut arriver. L’agencement des surprises n’est pas gratuit, il ne cherche pas un effet esthétique mais le maintien d’une pensée en éveil.
Les images de Bruno Geslin sont des moments de suspens et de remise en mouvement, et les femmes - filles sont là, l’attention portée au travail des comédiens est une caractéristique du Théâtre des Lucioles, elles jouent et ne jouent pas, c’est très drôle et très sérieux cette histoire de trop et de pas assez, de tout et de rien, c’est politique, physique et métaphysique, c’est mettre en jeu la condition humaine : parler et être sexué, avoir des limites et être illimité, et ce qui se passe sur scène nous tire aux quatre coins de l’existence, destin et projet, et que faire, On n’a qu’une vie, elle est ici et maintenant, et alors quoi..
Leslie Kaplan
Duetto5 - Toute ma vie j’ai été une femme existe aussi en version italienne : Duetto5 - Per tutta la mia vita sono stata una donna
(Dossier artistique en italien disponible dans l’Espace Pro, conditions techniques très légères)
PRESSE : (articles entiers ci-après)
Femmes parlées– theatreonline –avril 08 – David Larre
Femmes idéales façonnées par des tombereaux de clichés publicitaires et de discours normatifs, ou femmes charnelles, échappant à la définition, irréductibles, étonnées d’elles-mêmes ? Entre la pensée des uns et le corps des autres, entre l’écriture ironique de Leslie Kaplan (qui a écrit spécialement pour ce spectacle) et l’iconoclasme de Rodrigo Garcia, la vie circule et le sens de ce qu’est la femme toujours échappe. Avec une malice cruelle et un certain sens du désordre, Élise Vigier et Frédérique Loliée se prêtent à cette parole empruntée, qu’elles dynamitent aussi habilement qu’elle se laissent prendre à elle. Scénographie inventive, humour féroce et expression débridée font les atouts de ce spectacle bref et roboratif…
Langues de printemps à la Maison de la Poésie– Mouvement.net – 07/05/08 – Gwénaëlle Aupetit
La frénésie s’empare cycliquement des deux femmes de Duetto5 : course échevelée, arrêt pour respirer, repartir, s’acharner à couper en quatre, en six les feuilles d’une petite plante en pot et passer à autre chose subitement. Ces femmes frôlent la crise de nerfs, se reprennent, analysent la situation et les discours qu’on leur prêtent, et finissent par les retourner : l’hystérie n’a rien de féminin, c’est une construction de l’idéologie consumériste…
Duetto de Kaplan décapant percutant – LeMonde.fr – 11/05/08 – Christian Tortel
Duetto5, lire Duetto puissance 5, c’est-à-dire qu’on aurait dû se méfier : ça démarre dans les coursives avec un jeune vidéaste et elles deux qui pouffent. Très vite, elles occupent la scène et regardent le public dans les yeux. Les lumières de la salle ne sont pas encore éteintes. On n’a pas le temps de contempler la cuisine fixée au mur du fond, verticalement. Aussitôt les mots percutent et vous décapent. C’est du Kaplan comme on l’aime : bref et tendu comme un fil, vif comme un flux à haute pression, haute précision. Kaplan c’est la haute couture du mot qui claque…
Leslie Kaplan près du plateau – Bibliobs – avril 08 – Odile Quirot (…)
« Toute ma vie j’ai été une femme » est un grand petit texte, grave et ludique. Les vies y circulent, aux côtés des objets, des corps. Et tout tente de s’ajuster. « Je nomme sans fermer sans tuer j’essaye » est la dernière réplique de ce livre, où chaque mot ouvre des abîmes, tant il est « sans bord » : au-dessous, le vivant, mais tous les objets, et les fausses pensées sous lesquelles la société de consommation entend bien l’étouffer…
MM, Froggydelight
[…] deux comédiennes totalement ébouriffantes dont la prestation tient autant de la performance dadaïste, du happening cathartique que de la parodie burlesque et de la subversion poético-trash.
Télérama sortir - mars 2009
C’est ludique, drôle et particulièrement inventif, souvent cocasse, parfois vertigineux. Une savoureuse interrogation légère et pleine de fantaisie sur l’identité féminine, son rapport à la consommation, à l’homme, à la vie et surtout aux mots.
Extraits vidéo
Teaser
Interview de Leslie Kaplan