Spectacle joué en espagnol et en français
Je crois que vous m ’avez mal compris est une petite pièce de rien du tout ; elle n ’en est pas moins dense. Elle est vraiment née par hasard, du désir de nous amuser, Marcial Di Fonzo Bo et moi, il y a de cela deux étés, à la Mousson d ’Été, à Pont- à- Mousson.
Nous allions passer une semaine ensemble pour préparer une simple lecture et nous avons décidé de nous plonger dans quelque chose d ’un peu plus risqué : essayer de construire, chronomètre en main, une pièce de théâtre cohérente.
Le risque, à vrai dire, ne venait pas du manque de temps mais du fait que nous ne nous connaissions pas et que chacun ignorait la façon de penser de l ’autre. Il est impossible de faire du théâtre ensemble quand on ne partage pas un même regard sur le monde, quand on n ’est pas épouvanté par ce qui nous entoure, quand on ne rougit pas de ne rien faire pour améliorer ce qu ’il y a de pire dans la vie, quand on n ’aime pas les mêmes grandes idées, quand on ne lutte pas contre toutes les formes de misère de l ’homme. Au sein d ’une équipe artistique, la rencontre la plus importante est toujours la rencontre éthique. Viennent ensuite les sujets professionnels, qui pour moi sont secondaires. Que l ’un soit un grand comédien et l ’autre un écrivain passable, qu ’est- ce que ça peut bien faire ? (…)
Rodrigo Garcia
EXTRAIT
« Tu n’iras pas à l’école demain matin…
Tu vas travailler. Tu vas savoir ce que c’est que de gagner sa vie maintenant, et comme ça, quand tu seras grand, tu pourras te moquer de toutes les façons de gagner sa vie.
Plus elles sont honnêtes, plus elles font rire.
Quand tu seras un homme, je ne veux pas que tu sois obligé de te lever chaque matin pour aller gagner ta vie ; je veux que ta vie soit une affaire conclue avant que tu aies quinze ans.
Car à quinze ans, tu auras de l’énergie à revendre –mais pas assez de cervelle- pour en profiter. Et il est injuste qu’une fois physiquement apte à profiter de la vie, à prendre ton pied, goûter à la drogue, te mettre à baiser, il est injuste qu’il faille bosser comme un malade pour jouir de quelques heures par semaine de temps libre. »