NAGEUSE DE L’EXTRÊME met en avant le combat de deux femmes qui ont en commun l’expérience du corps fragilisé, diminué, transformé et « augmenté » par l’endurance extrême.
D‘un côté, une jeune sportive, nageuse en eau glacée. Cette discipline, encore méconnue en France, se pratique principalement dans des eaux en dessous de 5 degrés. Sport dangereux, il plonge le corps dans un environnement agressif et hostile. La nageuse parle de ses entrainements, de ses traversées en eau froide, le corps glacé qui reste en mouvement alors que l’esprit s’est échappé, évaporé sous l’effet de l’hypothermie…
De l’autre, une femme plus âgée, qui défi la maladie dans les couloirs d’hôpitaux. Sidération, solitude, elle parle de cette rencontre avec le crabe, celui qui mange les entrailles, qui mutile le corps. Elle traverse cet espace incertain entre diagnostic et fin de traitement.
Sur scène, ces deux fictions/réalités se croisent dans une salle d’attente. Toutes les deux racontent leur aventure : les apnées, les incertitudes, le comique des situations, le frottement avec l’absurde… Que ce soit dans la performance ou la souffrance, elles parlent d’un corps qu’elles ne contrôlent plus, transformé, amoindrit, devenu étranger… Elles se découvrent dans leurs histoires et dans cette joie féroce de se sentir vivantes.
>> LA PRESSE EN A PARLÉ...
LA TERRASSE - le 17 septembre 2024 par Manuel Piolat Soleymat
(...) Le personnage que la metteuse en scène incarne dévoile, sans fard, les conséquences physiques et psychologiques des traitements qu’elle a subis. Ces mots d’une précision et d’une exigence à couper le souffle font cause commune avec le témoignage de Marion Joffre, dont Léna Bokobza-Brunet s’empare avec une justesse qui se passe d’esbroufe. Tout au long du spectacle, les deux artistes se regardent, s’écoutent, se sourient, au plus près du public, dans un dispositif de représentation trifrontal. La sororité qu’elles convoquent est très touchante. En pleine complicité, les deux artistes trouvent l’équilibre d’un geste théâtral à la fois simple et risqué. C’est la vie qui gagne, ici, soutenue par des percées d’humour, des envolées de résilience. Nous, nous regardons ces deux femmes. Et nous sommes émus.
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L’OEIL D’OLIVIER - le 17 septembre 2024 par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
(...) Élise Vigier entrecroise les deux récits, les fait se répondre avec beaucoup de pudeur et délicatesse. Sans jamais s’apitoyer sur son sort ni sur les états d’âme de Marion Joffle, elle signe une œuvre rare, touchante, profondément humaine. Au-delà de deux intimités qui s’entrechoquent, "Nageuse de l’extrême – portrait d’une femme givrée", donne à voir deux natures, deux combattantes, l’une du quotidien, l’autre de l’extraordinaire. Deux belles leçons de vie !
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JOURNAL D’ARMELLE HÉLIOT - 25 septembre 2024 par Armelle Héliot
(...) En à peine plus d’une heure, du vrai grand théâtre, qui éclaire et émeut, fait réfléchir et comble .
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TÉLÉRAMA - 24 septembre 2024
"Nageuse de l’extrême", immersion bouleversante dans le combat de deux jeunes femmes(...)
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LE POINT - le 17 septembre 2024 par Baudouin Eschapasse
(...) Ces deux histoires se font écho par bien des aspects : elles décrivent en effet le combat de deux femmes pour garder la tête hors de l’eau, évoquent des corps-à-corps épuisants contre les éléments et décrivent finement ce miracle de l’existence : la possibilité de vivre longtemps en apnée.
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CULT.NEWS - 29 septembre 2024 par Odile Cougoule
(...) La pièce se déroule sans aspérités. On reste attentifs au récit comme en flottaison sans trop savoir vers quel horizon nous dérivons. Aucune trace de drame ne se glisse dans ces vies, on ressent juste la vérité d’une étape au cours de laquelle il ne faut pas se perdre de vue.
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MANITHEA - 17 septembre 2024
(...) La mise en parallèle de ces deux histoires apporte une profondeur unique et étonnante à leurs expériences respectives. En croisant les parcours d’une nageuse défiant l’océan et d’une patiente défiant la maladie, la pièce nous rappelle la ténacité de l’esprit humain et l’importance de la résilience face à l’adversité. Elle propose une réflexion sur la manière dont nous affrontons les défis et la joie de leur survivre et de ce sentir vivant lorsqu’on atteint l’autre rive. Une pièce intéressante et touchante.
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JE N’AI QU’UNE VIE - 18 septembre 2024 par Guillaume d’Azemar de Fabriques
(...) La justesse de Nageuse de l’Extrême, c’est d’aller au-delà des combats, au delà du cri. De montrer ce monde qui n’est accessible qu’à ceux qui sont revenus d’au-delà de leurs limites.
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@Christophe Raynaud de Lage
>> NOTE D’INTENTION ÉLISE VIGIER
Il y a un an, j’ai fait la connaissance de Marion Joffle, elle a 24 ans, elle est nageuse de l’extrême.
Adolescente, Marion découvre la nage en eau libre, cette discipline encore méconnue en France se pratique principalement dans des eaux de moins de 5°C. Depuis, elle enchaîne les défis et les records. Le 21 août 2022, elle réalise le rêve de sa vie en traversant la Manche en 9 heures 22 minutes, battant au passage le record de France féminin.
J’ai voulu écrire un texte qui raconte cette traversée.
Une femme se déshabille, entre dans l’eau froide, glacée, et elle nage.
On éprouve chaque détail de son aventure : les mouvements du corps, les sensations, les découvertes, les rencontres avec les éléments… description du bateau qui l’accompagne et la ravitaille en boissons chaudes et nourritures sucrées.
Elle nage sans s’arrêter vers l’autre rive. Réussira-t-elle à l’atteindre ? Qui a-t-il de l’autre côté ? Qu’est-ce qui se passe dans son corps, dans sa tête pendant l’effort ? Le sel attaque la peau, les muscles, le visage. Les piqures des méduses renforcent la douleur, la fatigue, l’épuisement. Elle ne sent plus les extrémités de ses membres… Où partent ses pensées alors qu’elle nage ?
J’ai choisi de croiser cette traversée concrète de la Manche à une autre traversée, celle de la maladie. La rencontre avec le crabe, celui qui mange les entrailles, la perte et le remplacement de certaines parties du corps...
Je suis sortie il y a peu d’une « récidive » (mot terrible ! le même utilisé pour les prisonniers que pour les malades) d’un cancer du sein.
J’ai eu envie de parler de manière fictionnelle de cette traversée, et de ce que la maladie modifie dans le rapport à son propre corps que l’on considère soudain comme étrange, étranger, ce corps qui devient une étrangeté, le rapport à la douleur, à la force mentale. Le rapport à la beauté, à l’effort, à la matière terrestre : tout est imperceptiblement modifié. Le lien à la vie change.
Cette autre traversée arrive en pensée par bribes, pas forcément de façon claire, mais surgit de temps en temps.
Réalité fictive inscrite dans le temps d’une traversée à la nage. Être dans les paradoxes et la drôlerie, dans les contradictions.
Après plusieurs rendez-vous avec Marion, interviews, enregistrements, j’ai retranscrit ce qui constitue une matière pour le texte et le portrait croisé de ces deux femmes.
Les deux histoires se mélangent, se confondent et racontent les apnées, les incertitudes, le comique des situations, le frottement avec l’absurde…
La partition sonore est écrite par le musicien Etienne Bonhomme : une composition qui intègre les sons et les bruits de la mer, une partition aquatique et sous-marine d’une traversée de la Manche en solitaire.
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Photos de Christophe Raynaud de Lage